Guide pour rendre sa structure plus inclusive
Les personnes impliquées dans votre structure reflètent un déséquilibre de diversité très répandu (par exemple une étude de 2017 montre que parmi les personnes contribuant au logiciel libre il y aurait moins de 5% de femmes) et vous souhaitez y remédier ? Ce petit guide est là pour vous aider à mener une démarche de réflexion et d'actions pour rendre votre structure plus inclusive et capable d'accueillir des personnes plus diversifiées.
Malheureusement, le milieu de l'informatique français est très homogène, l'informatique perçue comme une activité masculine qui nécessite des bases préalables et du temps pour s'y investir (prérequis que certaines catégories de personnes n'ont pas). La diversification des profils de vos membres n'est donc pas gagnée, mais, a minima, l'idée est d'agir à l'échelle de votre structure pour qu'il y ait le minimum de freins internes à l'inclusion.
Identifier ce qui est excluant
Il s'agit ici de mieux percevoir les contours et les mécanismes à l’œuvre qui peuvent exclure de facto des personnes de sa structure. Se poser des questions, c'est déjà un début de réponse. Et dans le même temps, certaines questions en amènent d'autres (que faire si ceci ou cela arrive ? que faire si tous les choix possibles sont excluants ?).
Vous trouverez ci-dessous, une liste d'exemples et de questions qui feront probablement écho à des situations dans votre structure.
Lors de réunions de travail, d'événements, d'échanges orals ou écrits, lors de la coordination
Il y a-t-il des actes, des menaces, des moqueries, de l'humour douteux, des propos déplacés ou ouvertement excluants ?
Tant qu'il y a ce genre de propos, il sera difficile de faire rester les personnes touchées d'une façon ou d'une autre par ces propos.
Quelques exemples:
- L'humour ou les moqueries qui visent les groupes minoritaires ou les femmes
- Les commentaires sur le physique de personnes présentes ou non “Elle est bonne”, “C'est un boudin”, “Il est sourd comme un pot”
- Les expressions discriminantes : “C'est pas un trucs de tapette”, “Enculé!”, “T'es baisé!”, “On voit qui tient la culotte”, “Fais pas ta chochotte”, “Il a un grain” etc.
- Une personne qui partage des préjugés ouvertement racistes “Les africains aiment bien se reposer” “On devrait les enfermer !” “Tous pourris”…
- Une personne qui suppose que des personnes se connaissent car elles sont de la même couleur de peau “il y a tes amis qui font du bruit en bas de l'immeuble.”
- Une personne qui utilise le mauvais pronom volontairement pour une personne trans
- Des personnes qui changent l'heure d'un rendez-vous sans le dire pour éviter une personne
- Des problématiques de violence, de viols ou de harcèlement sexuel en interne (Rappel: 1 femme sur 7 a subi une agression sexuelle dans sa vie)
Il y a-t-il des propos ou des actes maladroits ?
- Répartition genrée des tâches (les hommes qui discutent et les femmes en cuisine)
- Confusion face à un couple d'homosexuel⋅les (“votre frère”, “ton coloc”…)
- Mégenrage accidentel
- Une personne qui pousse une autre en fauteuil pour aller plus vite sans lui demander son accord
- Une personne qui fait à la place d'une autre pour aller plus vite (à cause d'un handicap ou d'un manque de connaissance/compétence réel ou supposé)
- Une personne qui regarde ou est mal à l'aise par la spécificité d'une autre
- Des personnes qui laissent en plan une personne non valide qui a besoin d'aide
Les nouvelles personnes sont-elles identifiées et accueillies ?
- Est-il possible de venir pour la première fois et que personne ne s'en rende compte ?
- Il y a-t-il du jargon, un contexte, des codes ? Si oui, il y a-t-il un moment où obtenir des explications ? Les personnes sont-iels à l'aise pour poser des questions ? Est-ce possible sur l'instant? Si non, quand ?
- Peuvent-elles se présenter ?
- Est-ce que certaines personnes présument de leur compétence par exemple en fonction de leur genre ?
La parole est-elle mal répartie ? Tout le monde peut-il s'exprimer ?
- Est-ce que les hommes ont tendance à couper les femmes dans une discussion ? (c'est très souvent le cas) Même question pour d'autres minorités.
- Il y a-t-il une personne ou des personnes qui monopolisent la parole ?
- Est-ce que tout le monde est en mesure de suivre les échanges, de prendre la parole ? (Problème auditif, problème de vue qui empêche de saisir le moment opportun pour parler, etc.)
- Il y a-t-il un dispositif (ou une hiérarchie) qui survalorise la parole de certaines personnes ? (note : tout dispositif de cette nature n'est pas forcément illégitime)
- Les outils permettent-ils à tout le monde de s'exprimer (outils plus ou moins faciles d'accès) ?
- Il y a-t-il des personnes qui s'autocensurent du fait de la présence d'autres ?
Conditions d'accès à la structure ou à un événement
- Les outils changent-ils souvent ? (pas idéal pour les personnes pas à l'aise ou déficientes visuelles)
- Les outils sont-ils accessibles ?
- Il y a-t-il suffisamment d'infos sur l'évènement ? (lieu accessible, comment ça va se passer, possibilité de faire part d'un besoin spécifique)
- Les horaires des événements ou réunions empêchent-ils certaines personnes de venir ? (garde d'enfant, fatigue le soir dû à une santé fragile, travail de nuit ou au contraire collision avec le travail de jour)
- Les lieux sont-ils adaptés à tout le monde ? Le lieu représente-t-il une perte d'autonomie pour certaines personnes (besoin de porter une personne en fauteuil, endroit trop bruyant ou sombre) ?
- Pas d'alternative à l'alcool
- Repas uniquement carnés, pas hallal ou autre (évidemment ça dépend des personnes invitées)
- Est-ce payant ? Le prix de l'adhésion est-il un frein ? Il y a-t-il une réflexion sur le prix libre ou les tarifs solidaires ?
- Est-ce que tout le monde peut manger, boire ou même entrer ? Y a-t-il des riches qui mangent et d'autres qui ne commandent pas ?
- Il y a-t-il des conditions discriminantes formalisées (dans les statuts ou autres) ?
- Les frais engagés par les bénévoles sont-ils remboursés au sein de la structure ?
Image publique, représentation, pouvoirs, encapacitation
- La communication externe et interne invisibilise-t-elle les femmes ou des personnes minoritaires déjà présentes dans la structure ?
- La communication externe fait-elle en sorte d'éviter que des personnes trop discriminantes (on l'est tou⋅tes un peu) se présentent pour rejoindre la structure ?
- Il y a-t-il des personnes minoritaires candidates ? en situation de pouvoir ?
- Les différentes compétences et types d'investissements au sein de la structure sont-ils valorisé·es de la même façon ? Ou est-ce qu'on survalorise ou dépend complètement de la technique ou la direction ?
- Il y a-t-il égalité de rémunération/stabilité d'emploi (salaire + dividende + augmentation de valeur d'un bien) ? Les écarts sont-ils importants ? Si oui, qu'est-ce qui le justifie ?
- Est-ce que certaines personnes deviennent connues ? Est-ce que ça créée de la distance, du manque de recul ou d'autres troubles ?
- Il y a-t-il un travail sur l'encapacitation en interne pour éviter que le savoir ou l'audace ne soient réservé·es à quelques personnes ?
Suggestions de moyens d'actions
- Tour de parole, gardien·ne de la répartition de la parole
- Code de conduite https://www.contributor-covenant.org/fr/version/2/0/code_of_conduct/
- Charte ou règlement intérieur https://pad.sans-nuage.fr/p/charte-hackstub
- Sensibilisation des membres, des intervenant⋅es
- Écriture inclusive
- Diversification des lieux de réunions (pour aller là où il n'y a rien d'organisé d'habitude)
- Sondage et avis des membres et du public sur le sujet
- Équipe de médiation ou de bien-être https://forum.chatons.org/t/bilan-et-dissolution-de-lequipe-de-mediation-experimentale/2228